Les condamnés du marché.

«Comment pouvez-vous avoir un animal comme compagnon et un autre pour le lunch ?» Martina Navratilova

L’autre matin, alors qu’il faisait beau et que j’avais envie de traîner mes guenilles dans une région que je découvre encore, je me suis rendu dans un petit marché local à 5 minutes de chez moi. Ça faisait un moment que je n’avais pas mis les pieds dans ce genre d’endroit ; la dernière fois que j’ai passé du temps au marché, c’était en 2020 pour aller tracter et chanter des conneries anarchistes, encore…

En arrivant, j’ai eu un rappel que fumer n’était pas bon pour la santé en voyant ce piaf mort de tabagisme, probablement, ou peut-être d’une vitre dans la tronche, pauvre pti père…

Un oiseaux mort, dans un caniveau, avec à coté de lui un mégot/filtre de cigarette Malboro

Espérons qu’il n’a pas souffert, et désolé pour cette vision que certain.e.s peuvent trouver choquante, mais attendez de lire la suite, car pour le coup, ce ne sont plus des morts accidentels dont on va parler.
Alors je vous vois venir : « ouaaai, tu fais des amalgames, chez moi les marchés sont végan, antifasciste, anarchiste même ! » Bon, déjà, tu habites où, s’il te plaît ? Et ensuite, je ne sais bien entendu pas si tous les marchés se ressemblent dans toute la Francophonie, « not all marchés locaux », of course, mais ici j’avoue avoir été écœuré par deux ou trois petites choses, trois fois rien… juste des cages où étaient entassés, serrés comme des sardines, lapins et canards, en attente d’être bouffés, encore bien vivants, hurlant régulièrement de toutes leurs forces dans l’indifférence la plus générale…

Trois cages, une contenant un lapin seul, petite cage style cage a hamster, une cage a peine plus grande contenant 5-6 canards, et une autre similaire avec 2 lapins.
(À gauche, à côté du cabas, il y avait également une cage similaire avec des poules.)


Quand j’ai pris cette photo, déjà un canard et deux lapins étaient partis, laissant un semblant de place aux condamnés restants. Les canards hurlaient régulièrement, probablement de détresse ; je ne sais pas trop, je ne parle pas encore le canard… Plus sérieusement, j’ai été profondément choqué de la place de ces animaux, sentients1, destinés à être mangés, qui ne semblaient réellement déranger personne, et de leurs derniers moments de vie, enfermés dans des cages, attendant leur heure…

Deux personnes qui mettent un canard dans un carton

D’ailleurs, j’ai pu apercevoir une vente : « celui-là », dit l’acheteuse avec un grand sourire à la vieille bourreau, qui s’empressa de prendre un carton et de fourrer le canard dedans. Il se débattait, le bougre ; en forçant un peu, il finit par y rentrer dans ce minuscule carton… Quelques secondes après cette scène, je vis une personne caresser d’autres lapins, que je n’ai pas photographiés, mais qui étaient sur un autre stand juste en face, à deux dans une petite cagette ouverte sur le dessus, ayant encore moins de place que ceux dans les cages, impossible pour eux de se tourner…
L’homme qui venait de caresser ces deux lapins est-il conscient de ce qui les attend, ces mignons léporidés marronâtres ? Sûrement s’en fout-il, sûrement va-t-il en manger le soir même… Quel niveau de biais, de conditionnement, faut-il pour caresser un lapin, le trouver mignon, au milieu d’un marché, alors qu’il ne lui reste que quelques minutes à vivre, pour le caresser sans s’indigner, sans avoir un haut-le-cœur, sans avoir une larme à l’œil, sans se poser la moindre question sur ces pratiques culinaires mortifères ?
D’ailleurs, aurait-il mangé aussi son chat ? La question me revint quelques minutes après la scène, quand je rentrais à ma voiture et que j’ai croisé un chat venant se frotter à ma cheville… « toi, au moins, tu ne risques pas de finir sur les fourneaux, t’es ni un lapin, ni un canard ou une poule. »

Un chat noir et blanc qui s'approche

J’aurais aussi pu prendre en photo et vous parler des poulets qui tournaient sur la broche du boucher, m’enfin, ça m’a moins choqué sur le moment, sûrement plus habitué ; moi aussi, j’ai des biais, hein…

Bref,

En France, ce sont 3,2 millions d’animaux et dans le monde 5.2 milliards2, qui sont tués tous les jours dans l’indifférence du plus grand nombre, pas de chats ou de chiens, mais des lapins, des veaux, des bœufs, des canards… de la volaille pour le plus gros chiffre d’exécutions… Pourquoi eux, et pourquoi vous ne bouffez pas Poupette, votre bichon nain qui gueule tout le temps et qui est aussi con que vous, hein ? Bouffez Poupette3 et laissez les autres animaux tranquilles, bande de lâches !

  1. Un être sentient est un être capable de ressentir des sensations, des émotions et d’avoir une forme de conscience. En d’autres termes, la sentience implique la capacité d’expérimenter subjectivement des états mentaux, comme la douleur, le plaisir, la peur, la joie, etc. Cela inclut également la capacité de percevoir son environnement et d’y répondre de manière consciente.
    pour en savoir plus, tu peux aller voir par là : https://sentience.pm/
    ↩︎
  2. source : https://www.l214.com/animaux/chiffres-cles/statistiques-nombre-animaux-abattus-france-viande/ ↩︎
  3. C’est bien entendu du second degré. Ne mangez pas Poupette, ne bouffez aucun animal. Si Poupette est con, c’est juste de votre faute. ↩︎

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